Vieux phare de Penmarc'h

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Phare de Penmarc'h
Vieux phare ou Petit phare
Vue du vieux phare de Penmarc'h depuis l'ouest
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
Musée (Centre de découverte maritime)
Ingénieur
Construction
Hauteur
38 mètres
Propriétaire
État
Patrimonialité
Remplace
Tour Saint-Pierre de Penmarc'h (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Remplacé par
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
Carte

Le vieux phare de Penmarc'h est un phare construit à la pointe de Penmarc'h (Finistère) entre 1831 et 1835, en service de 1835 à 1897. Il est situé dans le quartier de Saint-Pierre.

Historique[modifier | modifier le code]

Projet[modifier | modifier le code]

Ce phare fait partie du programme général d'éclairage des côtes de France, adopté par la commission des Phares le [1].

Lors de sa séance du , la commission demande à l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Finistère de rédiger un projet pour l'établissement d'un « phare lenticulaire à éclipse » sur la pointe de Penmarc'h. Sa lanterne devra être élevée à 40 mètres au-dessus du niveau des hautes mers d'équinoxe[2].

Conformément à cette demande, l'ingénieur en chef Jean-Sébastien Goury réalise un projet qui est présenté à la commission le . Celle-ci reconnait la conformité du programme quant à la hauteur prescrite et aux « dispositions générales et particulières » mais remet en question l'emplacement choisi. En effet, l'ingénieur Goury projetait d'installer le nouveau phare à l'emplacement du soubassement de la tour commencée en l'an II (à l'ouest de la tour de la chapelle Saint-Pierre). Cette disposition aurait eu l'inconvénient de masquer le fanal provisoire installé sur la tour de la chapelle dans un « espace angulaire d'environ 35° ». À la suite de cet avis de la commission, l'ingénieur décide de placer le nouvel édifice à l'est de la chapelle Saint-Pierre. Ainsi le phare projeté ne gênera ni le faisceau provisoire, ni les signaux sémaphoriques installés au sommet de celle-ci. En , le coût de ce chantier est alors évalué à 86 000 francs (sans la lanterne et l'appareil lenticulaire)[3].

Construction[modifier | modifier le code]

Le chantier est adjugé à l'entrepreneur Rouvillois de Glomel[4] le [5], mais semble être ralenti par des difficultés liées au déchargement des matériaux et à une pénurie de tailleurs de pierre. Dans une lettre du , Jean-Sébastien Goury s'en inquiète auprès de Martret-Préville (ingénieur ordinaire responsable de l'arrondissement de Quimper) et l'invite à se rendre sur place[6] : « Le rapport du 9 mars qui m'arrive me prouve que le travail languit, ou plutôt il ne marche pas du tout. Depuis le 28 février il n'aurait été taillé qu'une pierre. Sur ce pied, l'année ne verrait pas achever la besogne. Je vous réitère l'invitation de vous transporter à Penmarc'h et de prendre les mesures nécessaires pour que dans deux mois cette taille soit terminée. Faites rechercher des tailleurs de pierre et qu'il y en ait 12 ou 15 à l'ouvrage. Veillez aussi à ce que les pierres ne manquent pas ; cette affaire traîne d'une manière qui nous attirera des reproches et je ne trouve pas que vous la soignez [...][6] »

Ce phare est construit en leucogranite dit de Pont-l'Abbé, et en granite de Trégunc pour sa partie supérieure[7]. Un phare identique existe sur l'Île de Batz.

Usage[modifier | modifier le code]

Phare[modifier | modifier le code]

L'allumage de ce feu de 1er ordre (phare d'atterrissage) a lieu le [4]. Il est muni d'une optique composée de 16 lentilles de Fresnel[8] dont le faisceau s'éclipse toutes les 30 secondes[4]. Il fut d'abord alimentée à l'huile végétale (colza), puis à l'huile minérale à partir de 1875[4].

Il est utilisé jusqu'à la mise en service du phare d'Eckmühl le [4].

Amer et corne de brume[modifier | modifier le code]

Après l'extinction de son feu, le phare va servir d'amer : la face sud de son fût est peinte en blanc[9].

Le vieux phare cesse d'être habité dans la décennie 1930 ; il ne sert plus que l'entrepôt de matériaux. En raison de l'apparition d'une fente à son sommet, une ceinture de métal est placée au sommet de la tour pour éviter l'élargissement de la fente.

En 1976, une corne de brume est installée en son sommet. Elle reste en activité jusqu'en 2009 (année où elle tombe en panne) et est démontée en 2013[10].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale l'armée allemande y installe une station radar. Lors de son départ elle tente de dynamiter le sommet du phare, mais échoue ; toutefois la structure du phare est endommagée. Le vieux phare est alors délaissé, servant d'entrepôt de matériaux, mais il connaît de graves problèmes d'étanchéité[11].

Centre de découverte maritime[modifier | modifier le code]

Le Centre de découverte maritime est installé dans le soubassement du vieux phare depuis 1995[12]. Il accueille une exposition permanente au rez-de-chaussée et des expositions temporaires au 1er étage.

  • L'exposition permanente présente l'Histoire des phares et balises
  • Les expositions temporaires abordent généralement des thématiques liées à la Mer ou à l'Histoire du Pays Bigouden :
    • « Ex-voto marins d'Anne-Emmanuelle Marpeau » du au [13]
    • « Portraits de bateaux d'Henry Kérisit » du au [13]
    • « Souffle et Silence de Stéphane Butet » du au [14]
    • « À la mémoire des morts pour la France » du au [14]
    • « Ex-voto et peaux de bateaux de Daniel Le Saux » du au [14]
    • « Elles et Ils au trésor de Jean-Noël Duchemin » du au [14]
    • « De Jonas à Moby Dick, variations autour d'un cachalot » du au [14]
    • « Si la nature nous contait... » du au [14]
    • « Le Pays Bigouden, un certain regard... » du au [14]
    • « Les phares de Norvège » du au [14]

Architecture[modifier | modifier le code]

Le vieux phare de Penmarc'h est construit en pierre de taille de granite[15]. Il est composé d'un soubassement carré de deux niveaux et d'un fût cylindrique dont le sommet à astragale et congé[16] supporte une balustrade en pierre (établie en 1878 à la place d'une balustrade en fer[8]). La lanterne qui le couronnait a été supprimée vers 1897[17].

Plaque commémorative indiquant le nom des ingénieurs ayant pris part à la construction (1835).

Du point de vue architectural, le vieux phare de Penmarc'h est en tous points similaire à celui de l'île de Batz (1836)[18].

Protection patrimoniale[modifier | modifier le code]

Le , la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) donne un avis favorable à l'inscription de cinq phares au titre des monuments historiques. Le vieux-phare de Penmarc'h fait partie de cette liste aux côtés des phares d'Eckmühl, du Stiff, du Créac'h et de Saint Mathieu[4].

Le , il est proposé au classement au titre des monuments historiques en même temps que 11 autres phares bretons dont le phare d'Eckmühl[4].

Son classement est effectif à compter du . La protection concerne le vieux phare en totalité, les façades et toitures de ses bâtiments annexes, les murs, la grille et le terrain d'assiette de son enclos[15].

Sa restauration doit être entreprise en 2023, afin de l'ouvrir entièrement aux visites touristiques, jusqu'à son sommet, en 2025[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Christophe Fichou (dir.), Phares. Histoire du balisage et de l'éclairage des côtes de France, Douarnenez, Éditions Le Chasse-Marée/Armen, (ISBN 2-903708-92-4), p.180.
  2. Archives nationales, 20090296/6. Fonds de la commission des phares : registres de procès-verbaux de séances de la commission permanente. Registre A, séance du 19 février 1830, p. 124.
  3. Archives nationales, 20090296/4. Fonds de la commission des phares : registres de procès-verbaux de séances de la commission permanente. Rapports, registre n°1, séance du 4 mars 1831, p. 169-171.
  4. a b c d e f et g DRAC Bretagne - CRMH, « Historique des 12 phares proposés au classement en 2010 », (consulté le )
  5. Jean-Christophe Fichou (dir.), Phares... op. cit., p. 181.
  6. a et b Roland Chatain, Eckmühl et la pointe de Penmarc'h, Plomeur, Éditions AGLD, , 127 p. (ISBN 978-2-9540485-4-3), p. 30.
  7. Louis Chauris, "Pays bigouden : des pierres et des hommes", éditions Skol Vreizh, 2011, [ (ISBN 978-2-915-623-58-1)]
  8. a et b Roland Chatain, Eckmühl... op. cit., p. 31.
  9. Roland Chatain, Eckmühl... op. cit., p. 32.
  10. Roland Chatain, Eckmühl... op. cit., p. 79.
  11. Steven Lecornu, « Avec ses deux phares, Penmarc’h aura bientôt un site unique en France », Journal Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Roland Chatain, Eckmühl... op. cit., p. 34.
  13. a et b « Penmarc'h - Office du Tourisme - Musées de Penmarc'h - Vieux phare / Centre de découverte maritime - Expositions temporaires », sur penmarch.fr (consulté le )
  14. a b c d e f g et h « Penmarc'h - Office de Tourisme - Musées de Penmarc'h - Vieux phare / Centre de découverte maritime - Anciennes expositions », sur penmarch.fr (consulté le )
  15. a et b DRAC Bretagne - CRMH, « Classement au titre des monuments historiques des phares et feux remarquables - Phare d'Eckmühl et Ancien phare de Penmarc'h », (consulté le )
  16. Jean-Christophe Fichou (dir.), Phares... op. cit., p. 114.
  17. Roland Chatain, Eckmühl... op. cit., p. 37.
  18. Jean-Christophe Fichou (dir.), Phares... op. cit., p. 182-183.
  19. Steven Lecornu, « Restauré, le vieux phare de Penmarc’h sera accessible jusqu’au sommet », Journal Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Ministère de la Culture - Inventaire général - Base Mérimée, « Notice n° IA29000465 - Phares de la pointe de Penmarc'h », (consulté le )